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situde et cette pâleur ajoutaient encore à l’expression langoureuse de sa physionomie et jamais nous ne l’avions trouvée si belle. Tout alla pour le mieux d’abord. Le temps était magnifique, ce qui n’a point lieu de surprendre un jour d’Assomption, où, de mémoire de chrétien et à moins qu’il n’y ait quelque malheur dans l’air ou quelque raison secrète pour indisposer la Vierge, il fait immanquablement le plus beau soleil de l’année. Marie-Reine se tenait dans le chœur avec les sept autres jeunes filles. La procession formait ses rangs et le premier ban des porteuses, dont faisait partie Marie-Reine, avait déjà placé les brancards sur ses épaules, quand un violent orage éclata au dehors.

« Un fait exactement semblable s’était passé cinq ou six années en deçà. Soit qu’il jugeât trop caduque ou trop lourde l’image de Notre-Dame de la Clarté, soit qu’il obéît à une prédilection personnelle, le recteur avait au dernier moment remplacé sur le pavois la Vierge de la Clarté par la Vierge neuve de Perros, qu’il avait, la veille, amenée solennellement du bourg. Tu sais que chez nous, aux grands « pardons », les Vierges des différents sanctuaires ont coutume de se rendre visite et qu’on fait même, en signe d’alliance, s’embrasser leurs bannières ; mais, à la procession, c’est la Vierge patronale qui prend le pas et qui monte sur la claie. Le recteur n’avait pas pensé, sans doute, qu’en dérogeant ainsi à la tradition il pourrait indisposer Notre-Dame de la