Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 3, 1910.djvu/274

Cette page a été validée par deux contributeurs.

filles, également irréprochables et choisies, comme elle, dans les meilleures familles de la paroisse, pour porter à la procession la statue de la Vierge. Les porteuses sont réparties en deux bans qui se relayent à l’aller et au retour : l’un des bans s’attelle aux brancards ; l’autre lui fait escorte avec des cierges.

« C’est là qu’il fallait voir Marie-Reine, mon fils ! Tu sais qu’il y a un costume de circonstance pour cette cérémonie : les jeunes filles y paraissent en blanc, coiffées, comme des tours d’église, de leur grande catiole pointue. Marie-Reine était adorable dans ce costume. Elle le savait peut-être et, en tout cas, c’est un honneur si prisé dans nos campagnes d’être choisie pour porter la Vierge qu’elle eût tout fait, sans doute, pour le mériter. Elle assista ainsi trois années de suite à la procession de la Clarté. La quatrième année, sa place resta vide dans le cortège, et voici ce qui en fut cause :

« Elle avait été, comme d’habitude, priée par M. le Recteur en personne, qui vint la voir chez son père. M. le Recteur remarqua bien un certain embarras chez Marie-Reine : mais il l’attribua benoîtement à un excès de modestie et ne s’en soucia pas davantage. S’il s’était montré plus clairvoyant, que de malheurs il lui eût épargnés !

« Quoi qu’il en soit, mon fils, le 15 août venu, Marie-Reine se rendit à la Clarté comme si de rien n’était. Elle paraissait seulement un peu lasse et plus pâle qu’à l’ordinaire ; mais cette las-