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avait probablement son secret déjà, caché tout au fond de sa petite tête et que personne ne soupçonnait. Il y avait bien eu des propos sur un gentilhomme du pays, M. de C…, dont on avait vu deux ou trois fois de suite la voiture à l’entrée de la rade, juste à l’heure où Marie-Reine sortait de sa boutique. Mais, dans les débuts, les propos n’allaient pas loin. Après tout, Marie-Reine Tréal était jeune, elle était libre d’attendre un prétendu à son goût et, pour les personnes de la bourgeoisie qui jugent les choses avec mesure, sa fortune lui en donnait le droit autant que sa beauté.

« Tu penses bien, mon fils, que, quand le monde était tout rempli de la louange de Marie-Reine, l’Église seule ne pouvait pas rester indifférente à cette incomparable révélation de la splendeur où atteignent ici-bas certaines œuvres du Créateur. Mais il faut dire aussi que Marie-Reine ne sacrifiait jamais les offices à ses plaisirs. Elle quêtait souvent à la messe ou bien distribuait le pain bénit ; elle figurait, à l’époque de la Passion, dans le groupe des saintes filles qui accompagnent Notre-Seigneur sur le chemin de la Croix. Mais c’était surtout le jour de l’Assomption, à la fête patronale de Notre Dame de la Clarté, que Marie-Reine brillait comme une pure et radieuse lumière. Régulièrement, depuis sa seizième année, le recteur de Perros la priait avec sept autres jeunes