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    d’or. Néanmoins ne nous réjouissons pas trop vite. M. Briand est sans doute de bonne foi, mais il lui faut compter avec la Chambre et le Sénat. Or, que penseriez vous si les régions nouvelles étaient faites de telle sorte qu’au lieu de ressusciter nos anciennes provinces elles leur portaient le coup de grâce ? Car, en dépit de la Constituante, l’esprit provincial a survécu : l’organisation en départements n’a pu le détruire complètement. Il y a toujours une Bretagne, une Normandie, un Anjou, une Lorraine, une Provence, etc. Eh bien ! comme le dit éloquemment M. le comte de Laigue, mieux vaudrait mille fois conserver nos départements tels qu’ils sont que de subir un système régional quelconque qui couperait, par exemple, la Bretagne en deux, non pour en former une Haute et Basse-Bretagne, mais pour coudre la Loire-Inférieure au Maine-et-Loire ou à la Vendée, comme dans le projet Beauquier, et l’Ille-et-Vilaine à la Manche ou à la Mayenne…

    Voilà le danger de la réforme projetée. C’est au patriotisme des sénateurs et députés « provinciaux » de le déjouer. Breton lui-même, M. Briand est incapable de vouloir attenter aux jours de la Bretagne. Mais ce qu’il peut ne pas vouloir, d’autres peuvent le vouloir pour lui. N’oublions pas que l’esprit régionaliste n’a pas de pire ennemi que l’esprit jacobin.