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Le 3 avril 1895, au banquet des Bretons de Paris, Clémence Royer s’exprimait ainsi :

« Il n’existe plus entre l’individu et l’État aucun groupe, aucune collectivité intermédiaire, qui défende d’individu isolé contre l’État, simple somme des individus réduits à l’état d’unités abstraites… Il m’a toujours semblé que, si les Girondins avaient réussi à faire de la France une fédération de provinces, nous aurions eu, depuis un siècle, moins de révolutions ; que les foules urbaines, qu’un mot mal compris suffit à soulever, qu’un autre mot aussi peu compris apaise, eussent moins aisément imposé leurs volontés flottantes à la France entière ; que nos progrès, en apparence plus lents, eussent été plus continus et, en résultante, plus rapide… Dans ce perpétuel roulis, la France a usé inutilement le meilleur de ses forces et de son génie. Elle est arrivée à ne plus croire en elle-même, à douter de sa destinée… De notre centralisation excessive, il résulte que Paris absorbe toute la sève de la France, que les provinces meurent d’anémie, comme des membres atrophiés surmontés d’une tête énorme… »

Et que dit maintenant l’Adresse aux sénateurs et députés de Bretagne du 11 novembre 1891, adresse signée des noms que je citais tout à l’heure et qui représentent l’élite du loyalisme breton ? Les mêmes choses, à quelques mots près :

« Nous pensons que si les Assemblées provinciales étaient heureusement rétablies sous une forme appropriée aux besoins actuels, une foule