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tracé géométrique idéal conçu par l’abbé Siéyès aux contingences physiques, hauteurs, forêts, tronçons de rivières, etc. » On ne leur permettait pas de toucher au principe sacro-saint de la division en cinq départements, mais on voulait bien leur accorder une certaine élasticité dans la fixation des limites de ces départements et le choix des chefs-lieux. « Ils s’y employèrent sérieusement, dit M. Dubreuil, pendant un certain nombre de séances, du dimanche 20 décembre 1789 au vendredi 29 janvier 1790, deux semaines après le vote de la loi ». Mais que pouvaient-ils faire d’autre que de ratifier en détail les décisions de l’Assemblée, après les avoir bon gré, mal gré, ratifiées en bloc, et les plus hardis d’entre eux ne sentaient-ils pas l’inutilité — et le danger — d’aller contre « les idées directrices de la Constituante » en proposant « une division moins arbitraire de la Bretagne ? »

En somme, et c’est ce que j’entendais établir, tout fut sacrifié, dans cette division de la Bretagne en cinq départements, à l’esprit de système et aux vues puérilement géométriques de l’abbé Siéyès et de son groupe. On ne tint compte ni de la nature du sol, ni des besoins économiques : la Roche-Bernard, qui est nantaise, fut rattachée au Morbihan, qu’eût délimité si nettement la Vilaine ; Dinard, qui est l’avant-port de Dinan, fut rattaché à l’Ille-et-Vilaine, qu’eût délimitée si nettement