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ingénieur. Division excellente, calquée sur celle des diocèses et dont il eut mieux valu s’inspirer : on la traita par le mépris, comme un legs de l’ancien régime. C’est ainsi encore qu’un judicieux projet de division de la Bretagne en six départements, projet qui, dit son auteur, « concilierait tous les intérêts en conservant les convenances locales, puisque [cette division] réunirait dans chaque département les habitants parlant le même idiome et occupés des mêmes genres de commerce », fut repoussé sans discussion, si tant est seulement qu’on lui fit l’honneur d’en prendre connaissance ; repoussée aussi et sans plus de forme, la demande des députés de Saint-Malo tendant à la création d’un département maritime, avec leur ville pour chef-lieu. Le siège de l’Assemblée était fait. Et voici le plus beau : on n’avait même pas consulté les représentants des régions intéressées ! « Que la division de la Bretagne en cinq départements ne soit pas le fait de ses représentants, ce n’est pas douteux », dit M. Dubreuil. Une poignée d’idéologues et d’énergumènes, à la tête de laquelle était Siéyès, gouvernait l’Assemblée, tranchait, décidait. Elle était la loi et les prophètes. Elle inaugurait ce régime centraliste, oppressif et hypocrite, pour qui le respect de la souveraineté populaire n’est qu’un mot, un article de la constitution, excellent dans les programmes électoraux et qu’on n’applique jamais.

Tout ce qu’on accorda aux députés bretons, ce fut de donner leur avis sur « l’accommodation du