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particulier[1]. François Barbier, fils de Louis, épousa en 1589 Catherine de Goesbriand. De ce mariage naquit René, marié en 1605 à Françoise de Quélen et avec qui s’épanouit, pour se flétrir presque aussitôt, la tige des Barbier de Kerjean [2]. En dépit de ses alliances et de ses richesses,

  1. La race de ces lévriers de Kerjean semble s’être conservée jusqu’à la Révolution, si j’en crois cette anecdote inédite que me communique M. Le Guennec, qui la tient de M. de Kerdrel-Keruzoret, qui la tenait lui-même de Mlle de Trogoff, sa grand’tante :

    « Mgr de la Marche, dernier évêque de Léon, étant descendu à Kerjean, lors d’une de ses tournées épiscopales, la marquise [de Coatanscour] lui raconta que, depuis quelques jours, elle et ses hôtes étaient effrayés par des bruits étranges de chaînes qui se produisaient la nuit dans l’une des salles basses du château, sans que personne osât aller en reconnaître la cause. Le prélat, qui était un ancien officier de cavalerie et n’avait pas plus peur des morts que des vivants, offrit de passer la nuit dans le sous-sol, d’où les bruits semblaient sortir, et il insista tellement que la marquise dut promettre de lui faire dresser un lit en cet endroit. L’heure du coucher étant arrivée, l’évêque descendit dans le sous-sol, fit sa prière, se mit au lit et s’endormit paisiblement. Mais, au moment où l’horloge du château sonnait minuit, il fut réveillé en sursaut par un bruit de chaînes traînant sur le dallage. Sans s’émouvoir et sans pousser un cri, l’évêque saisit son briquet, le battit et alluma un flambeau, à la lueur duquel il reconnut… le grand lévrier noir de la marquise, qui s’était introduit dans la salle basse par un des soupiraux, en traînant après lui la chaîne de sa niche qu’il avait réussi à arracher. Tout s’expliqua dès lors. Comme on avait coutume de mettre des provisions dans cet endroit, le chien, attiré par l’odeur, y pénétrait quelquefois, après avoir arraché sa chaîne, et y faisait le vacarme qui avait tant effrayé la marquise et ses hôtes. »

  2. La branche cadette des Barbier du Lescoat s’est très dignement continuée jusqu’à nous.