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des habitants. Mais où la puérilité éclate surtout, c’est dans le choix de leurs noms, bien plus choquants que celui des Côtes-du-Nord : sur 86 départements, 62 portent des noms de rivières. Comme l’a très bien montré un distingué géographe de ce temps, M. Charles François, il eût fallu au moins, pour la clarté de la classification, que ces rivières fussent propres aux départements qu’elles baptisent et qu’elles y eussent à la fois leur source et leur embouchure. En fait 6 départements sur 86 sont dans ce cas : le Loiret, la Nièvre, la Drôme, la Corrèze, l’Ardèche et le Gard. Ces départements sont donc fort bien nommés, puisque leurs noms ne prêtent à aucune amphibologie. J’en dirai autant du Vaucluse qui tire son nom de la célèbre fontaine chantée par Pétrarque. Restent 55 autres départements à noms de rivières et fort mal nommés — M. François a grand’raison — en ce sens que la rivière qui « définit » le département n’est pas renfermée exclusivement dans la circonscription définie : l’Eure, la Mayenne et la Sarthe naissent toutes les trois dans le département de l’Orne ; la Vienne, qui nomme deux départements, descend du plateau de Millevaches, dans la Corrèze ; la Charente, qui nomme aussi deux départements, s’écoule des monts du Limousin, près de Chéronnac, dans le département de la Haute-Vienne ; la Dordogne débute dans le département du Puy-de-Dôme, au mont Dore, où elle est formée de deux ruisseaux, la Dore et la Dogne ; l’Allier, le Lot, le Tarn ont leur berceau dans les