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penser et de travailler, comme si « la vue éternelle des mêmes horizons, la recherche et l’espérance des mêmes récoltes, la jouissance des mêmes sources et les hommages aux mêmes dieux » avaient perpétué chez les habitants « ces besoins d’union et ces airs de ressemblance que leurs ancêtres avaient déjà fixés par des légendes familiales et par la communion en un père unique ».

Le « pays » n’est pas seulement plus vivant, plus réel, que le canton et le département : il est plus réel et plus vivant que la province, laquelle a bien pour elle son ancienneté, mais est presque partout, sauf en Bretagne, en Auvergne et en Béarn, l’œuvre des hommes et non pas une région naturelle.

Sans doute, M. Foncin le reconnaît, si l’expression de « pays » est aussi claire qu’elle est antique, il y a pourtant pays et pays. La politique ne paraît pas étrangère à la conformation de quelques-uns, qu’il conviendrait de distinguer des « pays » géographiques, les seuls dignes du nom. Je crois savoir que depuis plusieurs années déjà une enquête est ouverte, par les soins et sous les auspices de M. Foncin, pour faire cette répartition délicate, établir une carte aussi précise et aussi nette que possible des véritables divisions naturelles de la France[1]. Le jour où cette carte sera

  1. Elle avait été mieux qu’esquissée déjà par M. Vidal de la Blache (Tableau de la géographie de France), à qui revient l’honneur d’avoir orienté la géographie vers l’étude historique du sol. Suivant M. Camille Jullian, les pagi,