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trouverons dans ces régions naturelles qui ont conservé le beau nom clair de pays.

« Parlez de « pays » à un paysan, dit M. Foncin, il est de la maison, il vous entend aussitôt. Vous l’étonneriez en lui disant que le pays est l’ancien pagus gaulois. Peu lui importe ; mais, étant plus près que nous de la nature, il en a gardé le sens et, plus conservateur que nous, il est resté attaché à la tradition du vieux langage français. Cela suffit pour que le terme de « pays » ait à son oreille une signification très précise ».

C’est en vain qu’ont passé sur la Gaule tant de dominations étrangères, tant de régimes politiques ; c’est en vain que la carte de France a été grattée et regrattée, obscurcie de surcharges et de ratures. Sous les caprices des délimitations les plus contradictoires, le « pays » a maintenu ses frontières presque aussi visibles qu’aux anciens âges. Il s’appelle le Queyras et la Maurienne dans les Alpes, la Soûle ou le Labourd dans les Pyrénées, ici le Médoc, ailleurs le pays de Caux, là le Velay, la Bresse, la Thiérarche, le Gâtinais, chez nous le Goëlo, l’Avaugour, le Penthièvre, le Quéménet-Illy, le Pou-Alet, etc. Il continue, sous nos yeux, ces petites contrées naturelles que le climat, la géologie, le relief, etc., avaient distribuées comme berceaux aux peuplades antiques de la Gaule. L’homme s’y est à tel point incorporé au sol qu’après deux mille ans de vie nationale, dit M. Jullian, la plupart des « pays » de France observent encore une manière à eux de parler, de