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Ou parle-t-il au présent et trouve-t-il que tout est pour le mieux en France dans la meilleure des constitutions administratives ? J’aurais le regret, en ce dernier cas, de n’être pas de son avis. Et pourrais-je même, du point de vue de l’époque, approuver avec lui ce morcellement artificiel de nos anciennes provinces et leur répartition géométrique en compartiments administratifs et politiques d’égale dimension ?

L’Assemblée constituante se rendait si bien compte du caractère provisoire de son œuvre qu’elle réserva expressément dans l’article 6 du décret du 26 février 1790, « les droits des citoyens et des administrations locales à proposer une révision territoriale et à réclamer des pouvoirs publics tout ce qui paraîtrait le plus convenable à l’intérêt général budgétaire aussi bien qu’à celui des justiciables ». C’était la porte ouverte aux réformes. Elles n’ont pas réussi à améliorer beaucoup l’œuvre de la Constituante. Je sais bien ce qu’on dit : que, coûte que coûte, il fallait détruire le particularisme de l’ancien régime, centraliser, afin d’unifier. Et, si l’on objecte à cela qu’un morcellement en quatre-vingt-trois circonscriptions administratives n’était point nécessaire pour opérer l’unification, que ce morcellement excessif ne pouvait qu’étendre la plaie du fonctionnarisme et grever inutilement le budget, Mirabeau, Duquesnoy, Rabaud Saint-Etienne, Thouret, Gossin et tous les partisans du projet ne laissaient pas d’avoir réponse à l’objection :