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tirer l’horoscope de ses cinq filles en tout bien, tout honneur, et moyennant quelques pintes de vin mousseux pour s’éclaircir la voix. Suit l’horoscope d’Ursule, Thibaude, Perrinette, Thomasse et Bertrade. Le thème est aimable, facile, propice aux effets de contraste et aux variations savantes, et l’on conçoit assez tout le parti qu’en a pu tirer un habile « rhétoriqueur » comme M. Le Mouël.

Remarquez qu’un thème à peu près semblable lui avait déjà inspiré la plus belle pièce de son second recueil et qu’on tient à juste titre pour un chef-d’œuvre : l’Héritage du grand-père. L’artifice du procédé est donc sensible : il ne prévaut pas chez M. Le Mouël contre la maîtrise de l’exécution, la largeur et la sonorité de la langue, l’abondance et la variété des images, enfin ce don heureux de l’émotion qui le distingue entre tous les poètes de Bretagne et qui n’est peut-être pas d’une essence très raffinée, qui n’a peut-être pas sa source dans les entrailles de la race, qui coule, pour ainsi dire, à la surface et n’en est peut-être que plus communicative. Par là encore M. Le Mouël se rapproche de Coppée. Et ne pourrait-on pas le définir en somme un Coppée armoricain ? Avec plus de lyrisme, un verbe moins souple, mais plus chaleureux, il a transposé dans la « matière du roman breton » ce goût de l’anecdote sentimentale, cette recherche du détail familier et pittoresque, cette attention pour les petites destinées et les héroïsmes obscurs, voire ces aspirations