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jours heureuse et il y a une mesure à garder jusque dans l’irréel et le fantasque (cf. L’Âme du barde et Le Cœur). Encore faudrait-il faire exception pour le petit poème intitulé : Olda dans la tour ; la jalousie, en même temps qu’elle y parle une langue d’un beau métal, riche en flexions et en nuances, n’y atteint-elle pas au summum du raffinement avec cette « tour de verre noir » où le méchant chevalier enferme sa maîtresse pour la dérober à tout et à tous, même au soleil, qui caresse sans permission sa gorge nue ?

Ô soleil insolent, là j’aurai ma revanche !
Olda, quand tu viendras lui sourire au réveil,
À travers les murs noirs et sur ta gorge blanche
Il aura moins d’éclat, ton lumineux soleil,
Que le feu vacillant d’une écorce de branche !…

Mais la perle du Manoir doré et pour qui je donnerais volontiers tout le reste, c’est l’Horoscope des cinq filles de maître Benoît Crespin, drapier. C’est aussi bien, et par la dimension, la plus importante des pièces du recueil, dont elle occupe un bon tiers. Maître Benoît baguenaude sur le pas de sa porte, « tournant ses pouces », comme il sied, quand se présente

                                     un de ces astrologues
Qui vendent l’orviétan, bavards, écornifleurs,
Tirent votre horoscope et débitent des drogues.
Embobinent les gens et sont de beaux parleurs.

L’astrologue et maître Crespin échangent des saluts. Sur quoi, mis en goût par la cordialité du brave homme, notre astrologue lui propose de