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morts qui s’appelaient Marie Bashkirtseff, Joseph Capperon, Ephraïm Mickaël, Lud Jan, Jules Tellier, et le dernier en date, l’auteur de la Trilogie de l’amour, le pauvre petit Breton qui portait ce nom étrange et symbolique de Follet et qui a brillé et s’est évanoui comme les feux nocturnes dont il évoquait l’image.




EUGÈNE LE MOUËL : Dans le Manoir doré.


Le bagage de M. Eugène Le Mouël est assez considérable déjà. Ce poète débuta en 1884 par un livre intitulé Feuilles au vent, dont la matière ne décelait guère plus d’originalité que le titre, tombé à force de banalité dans le domaine public. Mais son second livre, Bonnes gens de Bretagne (1887), fut une manière de révélation. La Bretagne des pardons, des calvaires et des binious, la Bretagne en cornette et en justins bariolés, revivait chez M. Le Mouël comme chez Brizeux, avec moins de grâce et de mélancolie sans doute, moins de retenue surtout dans l’expression — Brizeux était trop Breton pour écarter les derniers voiles, souffler sur la brume de mystère où se dérobe pudiquement la fée, — mais, au contraire, avec un modelé, des accents, une fermeté de contours qu’on ne lui soupçonnait pas.