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Barbier ? Le premier membre de cette famille qui prit le titre de seigneur de Kerjean est Jean Barbier, écuyer, fils aîné d’Yves, seigneur de Lestorhan et de Marguerite de Lisle[1]. Il mourut en 1538 et sa statue tombale se voit encore dans le cimetière de Saint-Vougay, adossée au mur extérieur de l’église. Il avait épousé en premières noces une Parcevaux, en secondes noces une Kersauzon, d’où naquit Louis qui acheva le nouveau Kerjean commencé par son oncle Hamon et qui signait seigneur de Kerjean, Kerhoent, Kerallau, Kerbiquet et Lanven.

Aucun des titres qui précèdent ne l’élevait au-dessus de la petite noblesse rurale du pays. Et le fait est que Kerjean devait l’hommage lige à Coatzeisploé, dépendance des seigneurs de Maillé, qui, à plusieurs reprises, protestèrent, même par la force[2], contre les prétentions des Barbier et

  1. Courcy, notes mss. (Communication Le Guennec).
  2. Et ce jusqu’à la veille de la Révolution. Cf. Keratry : le Dernier des Beaumanoir. La terre de Maillé appartenait alors aux Rohan-Chabot. « Louis-Antoine-Auguste de Rohan vendit ce beau domaine à un gentilhomme vannetais, le 13 murs 1789, pour une somme de 400.000 livres. Le nouveau propriétaire, comme de raison, pensa à exercer ses droits. On en parla à la marquise [de Coatanscour, héritière des Barbier], qui en fut très peu alarmée. Elle ne pouvait supposer qu’on osât venir planter, dans sa cour de Kerjean, un poteau chargé d’armes étrangères. D’ailleurs, connaissant le naturel doux et modeste de l’acquéreur de Maillé, elle méprisa le bruit parvenu à ses oreilles. Mais ce à quoi, pour son malheur, elle n’avait pas songé, c’est que le gentilhomme avait aussi une femme jeune, jolie, spirituelle et,