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Italiam… Italiam…


Qui chevrotte ainsi ? Un Breton dont le cœur s’est naturalisé italien et qui, comme le Salaün de la légende ne savait dire que Maria… Maria…, ne sait plus dire qu’Italiam… Italiam… Poète et fol, l’extase les fait pareillement balbutier ;

J’ai pour l’Italie une âme d’amant
            À jamais charmée,
Qu’attristent l’absence et l’éloignement
            De la bien-aimée.

Ainsi qu’on peut être, au premier baiser,
            Réduit en servage,
L’Italie ardente a su m’embraser
            Au premier voyage.

Sous des cieux moins beaux je fus le passant
            Dont le cœur oublie ;
Mais toi, pour toujours, je t’ai dans le sang,
            Divine Italie !

Ce ne sont peut-être point là les meilleurs vers de M. Beaufils. Mais que cette âpreté, cette trivialité voulue de l’expression rendent bien l’espèce de frénésie sensuelle qui précipite ce jeune barbare aux genoux de l’adorée ! Sa première fringale d’amour apaisée, son premier cri d’homme jeté, l’artiste se ressaisira et nous donnera ces beaux poèmes nuancés et subtils qui s’appellent les Oliviers, à Claude Lorrain, Nomina-Numina, les Lacs, le Printemps de Toscane, l’Invitation au