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rien dont elle a fait graduellement la conquête. Cela suffit à expliquer la différence du ton. Les vocations maritimes sont pleines d’imprévu : qui se serait douté que la région qui, depuis trente ans, fournit le plus d’officiers à notre marine fût la région de l’Est et spécialement le département de Meurthe-et-Moselle ? Pour s’exercer à cette distance et avec cette intensité, il faut que l’attraction de la mer soit bien puissante ou que les idées que son nom suggère remuent profondément en nous certaines fibres. Ce nom n’a qu’une syllabe et il est immense ; il éveille l’impression d’une grande force vierge, impolluée, restée telle qu’aux âges primitifs du globe ; il ouvre à notre curiosité, à nos fièvres d’indépendance et d’aventure, des horizons illimités et toujours nouveaux ; il y a réellement en lui quelque chose d’ensorcelant… Que le jeune polytechnicien Gourdon, cousin du tragédien Beauvallet et grand familier du foyer de la Comédie-Française, réponde aux gens qui s’étonnent de le voir obliquer vers la marine en sortant de l’École : « C’est à cause de l’uniforme, ça fera de l’effet dans les coulisses », le mot est amusant : ce n’est qu’un mot et toutes les sirènes n’habitent pas les dépendances du Palais-Royal. Il en est d’autres, dont M. Poirier sait les noms et dont le « secret appel » avait été perçu sans doute par le futur et très distingué commandant en chef de l’escadre de la Méditerranée.

Ceux qui jadis entraient dans leurs maisons natales.
Après avoir vogué sur les flots étrangers,