Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 3, 1910.djvu/221

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Parmi les vents salés et les flots et l’écume,
Tenter l’effort suprême où l’âme se résume…
M’en aller…
Sentir la vie enfin battre au plein de mon cœur.

Il semble bien que ces vers, même tronqués, aident à mieux comprendre le titre du nouveau recueil de M. Poirier : le Chemin de la mer est aussi celui de la vie, de la vie libre, frémissante, aventureuse et comme la peut concevoir ou rêver un jeune romantique breton, petit-fils et compatriote de René. Rappelant le vieil adage érasmien : Spartam nactus es, hanc adorna, M. Henri Brémond, dans sa belle introduction aux Vingt-cinq années de vie littéraire de Maurice Barrès, remarque finement : « C’est la devise des classiques, opposée à la chimère du romantisme. Le classique se résigne à n’être qu’un Spartiate, sauf à embellir de son mieux son maigre pays. L’autre se révolte contre ses limites naturelles, dieu méconnu que tourmente « un désir insatiable du ciel immense » et qui, s’il tombe avant d’avoir assouvi ce désir, se fera du moins reconnaître à la magnificence de ses cris. »

Que telle soit bien, comme on dit depuis M. Clemenceau, la « mentalité » des romantiques en général et de l’auteur du Chemin de la mer en particulier, il n’est, pour s’en convaincre, que de rapprocher des vers que je citais plus haut la pièce qui porte ce titre : Après avoir lu Virgile. Sparte ici s’appelle Galatée, et le poète nous fait en ces termes sa confession :