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préférence sur le terrain des réalités quotidiennes, qui leur offrent une ample matière à bons mots et à observations piquantes. M. Anatole Le Braz, chez les contemporains, est le type par excellence du disreveller ; si les marvaillers avaient à faire choix d’un prince, leurs suffrages iraient sans hésitation à M. Le Guyader.




JOSEPH-ÉMILE POIRIER : Le Chemin de la Mer.


Le nouveau livre de M. Joseph-Emile Poirier se rattache étroitement à son précédent livre : la Légende d’une âme, si étroitement même qu’il est malaisé de parler de l’un sans rappeler au moins l’autre. Cette Légende d’une âme parut en 1904 et fut couronnée par la Revue des Poètes ; ses éléments étaient empruntés à la vie morale de l’auteur, confiné dans une obscure bourgade bretonne et tout gonflé de désirs vagues, d’aspirations vers « l’inconnu » ; elle contenait de beaux vers, graves et doux, en accord avec une pensée à qui l’on ne pouvait reprocher que la monotonie de ses thèmes ; il s’y trouvait surtout une admirable pièce finale : Méditation en face de la mer, dont le post-scriptum est à retenir :

C’est une âme nouvelle en moi qui semble naître…
Sur mon vieux sol natal je suis comme en exil…
Ah ! fuir vers l’inconnu, battre toutes les mers !
M’en aller aussi moi, comme ces grands steamers,