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que le temps a respectée. L’histoire ne dit pas si Hamon Barbier fut pleuré de ses neveux, Louis Barbier et dame Jeanne de Gouzillon, sa femme : on aime à le penser et qu’un si digne oncle n’aura pas été payé d’ingratitude. Pour ma part, et quelles qu’en soient les origines, je me sens incapable de blâmer le brave chanoine qui fit un tel emploi de sa fortune. Que nos grands flibustiers d’aujourd’hui lèguent à l’avenir des Kerjean et je leur garantis comme au chanoine l’amnistie de la postérité !

On ignore malheureusement le nom de l’architecte auquel il confia l’exécution de Kerjean. Palustre, après avoir songé à Julien Ricand, qui, de 1575 à 1580, transforma le château d’Espinay, aux environs de Vitré, concède que ce n’est là qu’une simple conjecture, « sur laquelle il est peut-être raisonnable de ne pas trop appuyer. » Il est certain d’ailleurs que Kerjean remplaça un château plus ancien et singulièrement plus modeste, bien qu’Ogée prétende qu’il soutint divers sièges sous les ducs. Caution insuffisante : tout fait croire au contraire que ce premier Kerjean ne passait pas les dimensions d’une modeste gentilhommière bâtie sur la terre de Lanven par une famille noble du nom d’Ollivier. À la réformation des fermages de Saint-Vougay, en 1444, figurent Olivier Henri, seigneur de Kerjean, et dame Marguerite de Lanrivinec, sa femme, en qui Kerdanet et Courcy voient le prototype de la Barberine de Musset. Les Ollivier se fondirent-ils par mariage dans les