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rature dont on puisse rapprocher cette manière. Les conteurs français l’avaient prise des Bretons ; M. Le Gujader la leur emprunte ou la retrouve par voie de tradition. De toutes façons il ne fait que reprendre son bien et, si l’exemple qu’il donne pouvait être suivie ce serait un joli clos de l’art tombé en déshérence et qui rentrerait dans le patrimoine national.



La Chanson du Cidre.


On ne connaît pas assez dans les revues parisiennes M. Le Guyader, qui est en retour fort aimé et apprécié de ses compatriotes. Sans doute que, pour l’aimer et l’apprécier à sa juste valeur, il faut être soi-même un peu Breton. Le talent de M. Le Gujader ressemble au cidre de son pays, au « huéro »

         qui mûrit sur le bord de la mer,
Jus de pommiers trapus dont les fleurs purpurines
Se saoulent d’air salin et de senteurs marines.


Il en a le pétillement, la fraîcheur de coloris et aussi la saveur un peu spéciale. Mais, de ce talent-là, on pourrait dire, comme du « huéro », qu’il n’est point l’affaire de tous les estomacs ; les dyspeptiques feront sagement de s’en abstenir. Aussi bien M. Le Guyader n’écrit-il pas pour ces