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M. Le Guyader est visiblement obsédé dans une partie de son livre par le souvenir de Leconte de Lisle et de José-Maria de Hérédia. Ce sont de terribles modèles. S’il les avait suivis plus longtemps, je doute qu’il eût pu nous donner mieux qu’un pastiche. Une fée heureuse l’a touché fort à propos de sa baguette : la fée des Traditions populaires. Elle l’a rendu à lui-même, à la simplicité et à la vérité de sa nature ; elle l’a fait ce qu’il est le plus souvent dans son livre et de la façon la plus originale : un conteur de haute verve, abondant, aisé et gaillard.

Moi, je conte l’histoire à la bonne franquette…

Et c’est quand il la conte ainsi qu’il est vraiment lui-même. La reine Anne, Comment Guingamp sauva Nantes, Le Siège de Rennes, l’Île Tristan sont des exemples tout à fait heureux et bien venus de cette manière un peu lâche et prolixe, peut-être, par endroits, mais le plus souvent vive, cavalière, amusante, sans rien de solennel ni de figé, naturellement et spontanément héroïque quand le sujet le demande, et qui se plie à tous les tons.

Et voilà le rare. En dehors des chansons de gestes du moyen âge, où le romantisme n’entendit goutte et qui sont des choses vivantes, animées, chantées et agies, comme le dit leur nom, nullement les tapisseries de haute lice qu’en firent Hugo et son école, je ne vois rien dans notre litté-