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aient résolu le problème d’écrire en lettrés pour le peuple. Ils le disent du moins, et peut-être ont-ils fini par le croire. Mais je constate que les Belges eux-mêmes y ont renoncé : la « Jeune Wallonie » et les « Renaissants armoricains » se servent également du français. Le Wallon s’y retrouve tout de même et, grâce à Dieu, l’Armoricain aussi.

De ces « renaissants » bretons, qui formèrent autour de M. Louis Tiercelin et à quelque vingt années d’intervalle deux pléiades parfaitement distinctes de tour et d’esprit, M. Frédéric Le Guyader est assurément l’un des plus dignes d’attention. C’est, si je puis dire, le Jodelle et le Du Bartas de la bande. En 1868, à dix-huit ans, il donnait au théâtre de Rennes un drame en trois actes et en vers : Le Roi s’ennuie, d’étoffe romantique, un peu bien somptueuse et lourde pour de si jeunes épaules, mais qui, tout compté, ne leur messeyait point trop. Depuis lors, et sous le pseudonyme de Frédéric Fontenelle, il avait dispersé dans les revues un assez grand nombre de pièces, où il se plaisait à évoquer le passé héroïque et légendaire de la Bretagne et qu’il vient de réunir sous le titre de l’Ère bretonne. Cela ne fait pas moins de 320 pages format grand in-octavo, où défilent par tableaux les Temps fabuleux, les Temps préhistoriques, les Temps romains, le Moyen âge noir (?), etc. L’effort est considérable et, comme il arrive dans ces machines démesurées, il y a là du bon, de l’excellent et du médiocre. Encore ai-je hâte d’ajouter que le bon domine.