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tômes enlacés de Tristan et d’Yseult. Duos exquis, dans le mode mineur cher aux poètes de Bretagne ! Ils s’interrompent trop vite. Yseult s’efface, et René apparaît sous Tristan. C’est lui en définitive, ce René, dont l’image demeure la plus nette en nous après que nous avons fermé le livre de M. Lemercier. L’éternel exilé que fut Chateaubriand se retrouve, avec sa nostalgie de l’absolu, son âme démesurée et tout l’habituel décor romantique, chez le poète des Exils




FREDERIC LE GUYADER : L’Ère bretonne.


Il y aurait ingratitude à reprocher aux écrivains bretons, comme je l’ai entendu faire, de s’exprimer en français. Cela ne veut point dire qu’ils ne soient point de « chez eux » ; ils en sont encore, avec une éducation toute française, et on les reconnaît bien vite sous leur vêtement d’emprunt. Chateaubriand, Lamennais, Brizeux, Renan, ne pouvaient naître qu’en Bretagne. Ils n’ont point usé du breton pour une foule de raisons excellentes, dont la meilleure à donner est qu’ils n’eussent point trouvé d’éditeurs ni de lecteurs. La première condition pour un écrivain, n’est-ce pas d’avoir un public ? Et ce public-là, qui ne manque point en Bretagne aux productions de la muse populaire, fait complètement défaut à la littérature savante. Ces diables de Provençaux sont les seuls qui