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Mais puisque je me sens la fin d’une maison,
Puisqu’avec moi s’en va ma race à l’agonie,
Avec son sang, avec son cœur et son génie.
Vouloir la prolonger, ce serait trahison.

Demeure donc, loin du malheur, dans le Possible.
Vivons ensemble, toi caché, ne souffrant pas.
Et moi perdant un peu de vie à chaque pas ;
Mourons ensemble en nous aimant, hôte invisible !

Il n’est point à croire que cette belle pièce soit jamais couronnée au concours de la Ligue contre la dépopulation, et M. Piot, je pense, la goûterait médiocrement ; mais Vigny l’eût aimée et reconnu dans M. Illio un de ses fils spirituels.




CAMILLE LEMERCIER D’ERM : Les Exils.


L’auteur des Exils, M. Camille Lemercier d’Erm, n’a pas encore vingt ans. Il est Breton, né à Rennes, d’une vieille famille morbihannaise, et porte un nom deux fois cher aux Muses : son père imprimait des vers ; le fils en fait. Et les vers que fait le fils valent ceux qu’imprimait le père et qui étaient signés Lud Jan, Le Braz, Le Guyader, Tiercelin… Que ne peut-on attendre du précoce aède, à l’âme frémissante et toute gonflée des grands souffles lyriques, qui a écrit Bardit, Au champ des Martyrs, Celui qui meurt, les Captifs, et ce quasi chef-d’œuvre : les Bergers du Désert ?…