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même, même, dans son propre cœur, que M. Michelet a entendu la voix de l’« ondine » mystérieuse qui lui a révélé

L’arcane décisif du miracle sauveur.


Et il nous invite à l’imiter, à nous pencher comme lui sur notre cœur, séjour de l’ondine qui sait les mots et les lustrations nécessaires pour récréer chaque homme « selon son idéal » :

Elle est en toi, l’eau miraculeuse, le chrême,
Chrême dont l’onction sacre dans le vieil homme
Un homme recréé selon son idéal ;
C’est de ton cœur qu’il coulera, le flot lustral.
Rajeunissant ton sein, désagrégeant la somme
Des fautes, des erreurs, des laideurs et du mal,
De tout ce qui construit la vieillesse et la mort.
Nul ne s’évade de soi-même, nul ne change ;
Si tu t’es recréé, si tu fus assez fort
Pour devenir toi-même et franc de tout mélange,
Tu seras toujours toi jusqu’au clairon de l’Ange.
Nul ne changera d’essence ; mais rajeunir.
C’est projeter sur des plans neufs notre désir ;
Rajeunir, c’est trouver le secret de soi-même
Et rattacher sa vie à la beauté qu’on aime ;
C’est se renouveler, fût-ce au bord de son soir.
Aux sources de l’amour, aux sources de l’espoir.
Ah ! revivre allégé des vaines tentatives,
Joyeux d’avoir dissous dans la magique eau vive
Tous les mauvais apports de la vie à notre âme,
Tous les poisons que jette en nous le temps infâme
Et, pur comme à l’aurore les nouvelles roses.
Avoir des yeux nouveaux pour contempler les choses !

Ces yeux, continue M. Michelet, à qui je demande bien pardon d’être obligé de le traduire ça