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pose, par surcroît, pour le kabbaliste, le mage et le nécroman ?

Et il est bien vrai que les vers de M. Michelet n’ont pas toujours la limpidité de l’eau de roche. L’auteur de la Porte d’or est un « auteur difficile », comme disait Catulle Mendès de M. Léon Dierx ; il faut quelque préparation pour l’entendre et il est bon aussi d’avoir pris ses grades à la faculté des sciences hermétiques. Egrégore, hésychastiquc, fortunal, glaivataire, effluence, qui reviennent périodiquement sous sa plume, ne sont point du langage courant : feu Sarcey ne les employait point. Mais enfin, quand une fois on possède le sens de ces énigmatiques vocables, il n’est pas besoin de clef supplémentaire pour pénétrer dans la pensée de M. Michelet : la « porte d’or » roule sur ses gonds et nous baille l’entrée du sanctuaire.

Et, je le dis tout de suite, le sanctuaire est fort beau. Il est beau comme un décor de Gustave Moreau : même profusion de gemmes et d’orfèvrerie, même ambiance de mystère, mêmes émanations lourdes et entêtantes. D’étranges figures s’y meuvent, comme celle de ce héros innommé qui semble appartenir à la famille des archanges païens, des anonymes démiurges évoqués par le pinceau du maître :

Il surgira, du cœur de l’immanent mystère,
Parmi le soir pensif ou le matin léger ;
Ses beaux pieds marcheront sur le sol de la terre
D’un pas calme de surnaturel étranger.