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tecte se soit d’abord occupé des communs, de la chapelle et des remparts. Palustre suppose que Louis Barbier, pour le compte duquel se faisaient ces travaux, « voulait s’éviter ainsi la tentation de laisser incomplète une œuvre qui avait été le rêve de son oncle et pour laquelle tant de richesses s’étaient trouvées un jour réunies entre ses mains ».

L’oncle dont il s’agit — un oncle comme en souhaiteraient tous les neveux — s’appelait Hamon Barbier. Il était chanoine de Léon, Nantes et Cornouaille, ce qui n’est pas une dignité ecclésiastique si extraordinaire. De plus, les Barbier n’avaient qu’une illustration médiocre[1]. Avec ces moyens insuffisants, notre homme s’arrangea pour accaparer les plus beaux bénéfices de Bretagne : il n’en laissait passer aucun qui fût supérieur à 300 livres. Cela alla au point, dit l’abbé Manet, « qu’à son décès il y eut plus de quarante vacances et que le pape demanda si tous les abbés de Bretagne étaient morts le même jour. » M. Hauréau confirme le fait dans la Gallia Christiania et met le propos dans la bouche de Jules III. Palustre cependant marque une prudente réserve ; il aimerait qu’on lui dît où étaient tous ces bénéfices qu’on prête à l’avide chanoine et dont il n’a trouvé

  1. La famille Barbier ou Le Barbier, non mentionnée dans les premières réformations du Léon, paraît descendre (Courcy, notes mss.) d’un certain Jean Le Barbier, anobli par grâce spéciale du duc en 1427 (Communication de M. Louis Le Guennec).