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croyances et les us domestiques des humbles compatriotes de M. Plessis ?

La culture gréco-latine exerça toujours une attraction mystérieuse sur l’esprit des Bretons, et le poète de la Lampe d’argile et de Vesper n’eut pas grand effort à faire, peut-être, pour se retrouver chez lui dans la Rome de Virgile et de Properce. Aujourd’hui encore qu’il est de retour de son pèlerinage rétrospectif et que, pris comme tant d’autres par la nostalgie de l’action, il porte un regard attristé sur son temps, c’est à travers les souvenirs de sa vie latine qu’il lui arrive de voir et de juger les événements contemporains.

Le titre de son dernier recueil est Gallica — le nom latin de la muse française. Et vainement, dans une palinodie récente, il s’humiliera devant cette muse et lui demandera pardon de lui avoir préféré si longtemps une autre image,

De fins tissus couverte avec des bijoux rares,
Sans âme dans les yeux et sans cœur sous le sein ;


à cette muse nouvelle, il ne donnera pas qu’un nom latin, et il l’honorera malgré lui avec les tournures et les façons de sentir d’un citoyen de l’ancienne Rome :

Déchiré sourdement de regrets et de crainte,
Vers vous, ô calmes bois, me voici revenu,
Et je m’attache à vous d’une suprême étreinte,
Dans l’effroi de partir pour un monde inconnu.

Vous savez si, longtemps, j’avais rêvé de vivre
Sur le sol nourricier des aïeux hérité ;
Mais, esclave vieilli de la plume et du livre,
Je n’ai point amassé l’or de ma liberté…