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grec », substituez « plus fortement, plus sincèrement latin », il y a toutes les chances du monde pour que nos arrière-neveux ratifient ce jugement et fassent honneur à M. Mendès de sa sagacité. Oui, M. Plessis est un des artistes les plus parfaits de notre époque, de toutes les époques. Mais ce parfait artiste n’a rien à démêler avec le Parthénon, l’Hymette et l’île Ortygienne. Que M. Mendès ne m’oppose pas la Couronne Aganippide, qui n’est dans la carrière du poète qu’un accident : M. Plessis n’est pas plus « grec » pour avoir chanté en passant Philénis et Théano que M. Mendès lui-même n’est Samoyède ou Lapon pour avoir écrit le Soleil de minuit.

Ouvrons son livre, au surplus. Dès le titre de la première pièce (Gloire latine), nous sommes fixés :

Ne crains pas si la route est sombre où je te mène :
L’ombre y vient des lauriers mêlés aux tamaris,
De ceux qui plaisaient tant à la muse romaine,
Quand l’Aurore et Vesper connaissaient Lycoris…

C’est pourquoi, méprisant la foule, ne redoute
Ni les affronts nouveaux, ni les futurs dangers.
Ni ces arbres qui font de l’ombre sur ta route…
Avance, avance encore, enfant aux pieds légers !
 
Au fond de l’avenue où tu veux bien descendre,
Comme une blanche tour vois luire ce tombeau :
C’est là, dans le paros protégeant notre cendre,
Qu’on inscrira ton nom sous l’arc et le flambeau.

Et nos noms et nos cœurs et mes vers de jeune homme,
Unis au grand passé par de nobles liens.
Revivront dans la vie éternelle de Rome
Et dans l’écho sacré des chants virgiliens.