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vivre boulevardier que pâtit à son tour M. Plessis.

En vérité, M. René Bures a tous les droits du monde de sourire du « digne » M. Plessis. Je voudrais cependant présenter une observation : l’auteur de Vesper et de la Lampe d’argile, le fin lettré à qui Anatole France dédiait ses premiers vers, est assurément un fort « digne » homme, mais peut-être pas tout à fait au sens où l’entend notre spirituel confrère. Le sentiment de sa dignité ne va point jusqu’à faire porter lunettes et perruque à M. Plessis ; il ne s’engonce point, pour professer à l’École normale supérieure, dans le faux-col de Royer-Collard et je crois même, Dieu me pardonne ! que M. Plessis cultive en son privé l’ironie et le calembour. Il est savant, sans doute, très savant. On m’assure que nous n’avons pas de meilleur latiniste, et je serais volontiers de cet avis ; il a écrit sur les élégiaques de Rome des pages qui ne sont pas seulement exquises et qui sont encore des merveilles d’érudition. Quand paraîtra — elle est sous presse — son Histoire de la poésie latine, c’est alors qu’on pourra mesurer toute l’étendue de ce savoir diligent et orné qui a poussé plus loin qu’aucun autre dans l’étude des textes et qui, au lieu de s’y glacer, y a retrempé sa grâce et sa vigueur[1].

  1. Le livre a paru depuis que ces lignes sont écrites et il a tenu — et passé — ses promesses. Un témoignage particulièrement flatteur du cas que les savants étrangers en font est le titre de « docteur honoraire » que l’Université de Glasgow vient de décerner à M. Plessis.