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En somme, elle regrettait surtout de n’avoir pas été un homme. Car c’est, je pense, la seule explication qu’on puisse donner de ce couplet, Maupertuis, Lamettrie, Chateaubriand, Lamennais n’ayant pas plus manié l’épée que Mme Royer.

Mais la plume aussi est une arme. Qui le sut mieux chez nous que la traductrice de Darwin ? Elle a été le champion inlassable du transformisme ; elle y a mêlé, sans doute, bien des vues douteuses et quelque chimère. Excellente vulgarisatrice des théories d’autrui, elle n’a pas été aussi heureuse dans l’exposition de ses théories personnelles. Ce n’était pourtant pas un cerveau médiocre que celui de la femme entre laquelle et Proudhon la Société d’anthropologie de Lausanne partagea son grand prix décennal. Hœckel, dit-on, ne lui fut pas moins redevable que l’auteur de l’Origine des Espèces. En France même, des savants comme Ribot, Letourneau et Manouvrier, la tinrent en particulière estime. Et l’on a lu plus haut ce que Renan pensait d’elle.

Le dilettantisme philosophique de l’auteur de Caliban n’était cependant point du goût de Clémence. Cette femme, vous dis-je, était un bloc. Elle n’admettait aucun compromis, aucun tempérament. Elle en voulait surtout aux savants, comme Pasteur et Grasset, qui « logent la science dans un des hémisphères de leur cerveau et leur