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sa clôture d’entrée formant une cour d’honneur où se passait toute la vie intérieure des châtelains et de leurs gens. »

En vérité, c’eût été grand’pitié que de laisser s’en aller en poussière une merveille comme celle-là, et c’est le chemin qu’elle était tout justement en train de prendre. Triste fin du long effort qu’avait coûté Kerjean ! Les archéologues ne s’accordent point sur la date de sa construction : les continuateurs d’Ogée veulent la retarder jusqu’au règne de Henri IV ; Léon Palustre, avec beaucoup plus de raison, la place vers 1560, M. Chaussepied vers 1543[1], peu après la mort de Jean Barbier (1538), lequel avait fait dresser par un maître d’œuvre des plans et devis qui servirent peut-être à ses successeurs. Les travaux, en tout état de cause, durèrent fort longtemps, une trentaine d’années, selon Palustre, « pendant plus de dix ans », selon M. Chaussepied. C’est ce qui explique qu’on découvre plusieurs styles dans Kerjean : un portique Henri III, un campanile Henri IV et un corps de logis « presque » Louis XIII. Le plus curieux est qu’au lieu de commencer par l’habitation des maîtres, l’archi-

    cet incendie que se passa la scène rapportée par Kerdanet : « Catherine de Goësbriand, la grand’mère, vivait encore. On vint lui annoncer que son petit-fils à la bavette était dans le pavillon menacé : « Allons, allons, dit-elle, qu’on jette bien vite mon petit-fils par la fenêtre pour le sauver des flammes ! » Le petit-fils fut sauvé, mais d’une autre manière. »

  1. C’est par erreur évidemment que la Notice imprime 1453.