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LA STATUE DE CLÉMENCE ROYER




Clémence Royer va donc revivre dans le marbre. Ainsi en a décidé l’Association des Bleus de Bretagne, dont elle fut la marraine. La maquette de sa statue, au dernier Salon, nous donna un avant-goût de l’hommage un peu massif et disproportionné qui l’attend : mais, parmi ceux qui lui rendront cet hommage, combien auront lu une ligne d’elle ou feuilleté autre chose que la collection de ses harangues ? Car, sur la fin de sa vie, Clémence, qui n’était guère sortie jusque-là d’une pénombre discrète, se répandit volontiers en manifestations épulatoires.

La première de ces manifestations eut lieu le 3 avril 1895 au banquet des Bretons de Paris. Je n’y assistais pas. Mais Clémence fut bien vite assidue à nos dîners mensuels, et c’est à l’un de ces dîners en effet que j’eus la bonne fortune de la voir et de l’entendre. Petite, ratatinée, les cheveux gris, elle nous étonna par son grand front bombé, ses yeux clairs, qui avaient gardé toute la vivacité de la jeunesse, sa bouche souriante et sans amertume. Et quand, au dessert, se levant pour répondre au toast d’Armand Dayot, elle nous parla