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nyme et l’on aurait quelque peine à distinguer ses vers de ceux de ses collaborateurs. Au contraire, son nom s’étale en toutes lettres dans la Variété. Le premier numéro de cette petite revue parut le 1er avril 1840. Un professeur de la Faculté des Lettres, M. Alexandre Nicolas, avait accepté de la présenter au public et d’en exposer le programme, qui tenait en deux points : rénovation et exaltation de la société par l’art, son affranchissement par le christianisme.

« Grand admirateur de la doctrine sociale du Christ, Leconte de Lisle, dit M. Charles Leconte, devait tout naturellement embrasser la cause d’un parti chrétien, dès lors que ce parti prétendait se rapprocher des sources mêmes de son origine, de l’Évangile et de la communauté des premiers fidèles, enfin de ces principes dont l’oubli avait causé la crise religieuse du dernier siècle… Avec les idées républicaines du jeune poète, nous avons signalé ses tendances religieuses, son besoin de quelque chose de supérieur et de divin ; il était naturel que ce besoin s’efforçât de s’identifier avec la doctrine catholique vers laquelle le jeune poète se trouvait ainsi violemment amené. On la connaissait si mal à Bourbon, cette terre si éloignée de la pensée active, de la réalité ! Maintenant il se trouvait à même de la connaître, d’en apprécier la grande valeur morale ; il exaltait, dans un poème intitulé : Issa Ben Mariam, l’action libératrice du Christ, et il en parlait dans ses articles de critique… »