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diant. La Faculté, à diverses reprises, l’admonesta : on lui raya même deux ou trois inscriptions. Peine perdue ! Leconte de Lisle ne fut pas plus assidu aux cours. Il est permis de croire, en revanche, qu’il fréquentait fort les cafés à la mode et les estaminets, qu’il prenait sa part des manifestations contre la préfecture, coupable de refuser à Frédérick-Lemaître l’autorisation de jouer Robert Macaire, qu’il flânait, par les beaux temps, sous les délicieux ombrages du Thabor, qu’il culottait des pipes et qu’il ne payait pas ses créanciers. Cette dernière accusation, la plus grave, se trouve nettement formulée dans une lettre adressée par un sieur Binda à M. Leconte, de Dinan, pour lui réclamer le règlement d’une dette de 22 francs contractée par son neveu, soit 18 francs pour une pipe en écume garnie d’argent et 4 francs pour une paire de lunettes ! Nous n’en étions pas encore au monocle.

Enfin, il faut tout dire, Leconte de Lisle s’était mis à « faire de la littérature ». Quelques camarades et lui avaient fondé à Rennes un petit journal satirique, intitulé le Foyer, dont certains numéros s’imprimaient tout entiers en vers, jusques et y compris la signature de l’imprimeur :

Notre petit journal s’imprime en cette ville
Chez notre typographe Alphonse Marteville.

Il est certain que Leconte de Lisle collabora au Foyer ; mais il y collabora sous le voile de l’ano-