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LECONTE DE LISLE À RENNES




Je crois bien qu’aujourd’hui l’on est définitivement renseigné sur les causes, restées longtemps mystérieuses, du pessimisme de Leconte de Lisle. Par la publication des vers de jeunesse de l’auteur des Poèmes barbares, nous tenions, grâce à M. Guinaudeau, le premier anneau de la chaîne ; les anneaux intermédiaires manquaient. Louis Tiercelin, Madame Jean Dornis, surtout les frères Marins et Ary Leblond, essayèrent de les rétablir intuitivement. Mais l’intuition, si aiguë soit-elle, ne supplée pas toujours aux textes. Un heureux accident vient de nous restituer ceux-ci. Ils dormaient dans une collection du journal la Variété, propriété d’un Rennais exclusif et jaloux, qui refusait d’en donner communication.

« Mais admirez, dit dans les Annales de Bretagne M. Gustave Allais, l’ingéniosité du hasard qui se charge de bouleverser les petits calculs de l’égoïsme… Une succession s’ouvre ; une famille, indifférente aux trésors littéraires, vend en bloc les vieux bouquins, et c’est ainsi que la Variété va s’échouer au marché aux vieilles ferrailles… Un étudiant d’histoire, M. Bourdais, l’y découvre, l’achète, puis cède sa trouvaille à M. Le Hir, le