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d’œuvre de Mansard, auquel il est antérieur d’un bon siècle[1]. Les auteurs de la comparaison n’ont eu égard sans doute qu’à la grandeur de l’édifice. En outre, Kerdanet et les continuateurs d’Ogée voudraient que son parc ait été dessiné par Le Nôtre, et ce serait une nouvelle ressemblance avec Versailles. Mais j’ai vu attribuer à l’ancien directeur des jardins royaux tant de jardins hauts et bas-bretons que je ne suis pas autrement convaincu du fait. Il suffit qu’un parc, chez nous, soit du xviie siècle pour qu’on le mette sous la signature de Le Nôtre. Tant il y a que ce parc de Kerjean était fort beau, qu’il mesurait trois hectares de superficie et qu’avec ses futaies, son étang, son labyrinthe et ses avenues on ne pouvait rien voir de plus à souhait pour les yeux : c’était le cadre le plus congruent au château lui-même, dans lequel, pour ruiné qu’il soit en partie[2], M. Chaussepied discerne avec raison l’un des spécimens les plus heureux que nous ayons en Bretagne du château à la française, caractérisé par « son corps de logis principal placé au fond, ses deux ailes et

  1. « Il serait plus juste, dit M. Chaussepied, de le nommer l’Anet breton, car il est contemporain de ce beau château et l’architecte de Kerjean s’en est beaucoup inspiré. » (Notice sur le château de Kerjean. Quimper, 1907.)
  2. Le pavillon nord-est de la façade et une partie des communs à la suite furent détruits par un incendie (vers 1615), et il est assez singulier qu’on ne les rebâtit pas. Plus tard, dit M. Chaussepied, « on a abattu des pans de mur qui menaçaient de s’écrouler, on dispersa (sic) des arcades et l’on construisit un bâtiment moderne qui fait tâche au milieu de cet ensemble d’un autre âge. » — C’est au cours de