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autre commune de France, et rien n’y rappelle que nous sommes en Bretagne. Bien mieux : est-il question d’une danse ? C’est la « farandole ».

Ces fêtes, du moins, se déroulèrent dans un sanctuaire consacré au patron national des Bretons : saint Yves. Mais l’église qui portait ce vocable ne tarda pas à être débaptisée pour devenir le temple de l’Être suprême et, dans l’intervalle, sans doute, celui de la Raison. Les offices qu’y célébrait le curé constitutionnel Simonet devaient être quelque peu agités, car le conseil municipal fut saisi d’une demande du commandant Chrétien à l’effet d’obtenir l’autorisation de « poser quatre gardes nationales et un officier armés dans le sanctuaire et chœur de l’église, pendant les grand’messes, fêtes et dimanches ». Mais un temps vint où le culte lui-même fut interdit et Saint-Yves servit de « magasins à la République » ; on y transporta les canons enlevés de la « remise du citoyen du Porzou », et finalement, comme l’édifice se dégradait et bien qu’il eût été question, en thermidor an IV, de faire accommoder sa cloche, la Tourmentine, on décida de le vendre aux enchères. Seulement le conseil, afin de déjouer les vues intéressées de « certains fanatiques », qui auraient pu s’en porter acquéreurs pour le « conserver à la dévotion et acquérir par là un titre honorable auprès des âmes simples et crédules », mit comme condition première à la vente que l’église serait rasée et la place qu’elle occupait pavée. Ce qui fut fait. La vente ayant été fixée au