Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 3, 1910.djvu/166

Cette page a été validée par deux contributeurs.

naturel ? Quoi de plus raisonnable ? La nation peut-elle se méconnaître ? Peut-elle ne pas être unie ? Promettre fidélité à la loi, c’est promettre fidélité à votre propre volonté ».

Notre abbé, ce disant, est évidemment sincère : mais sur quelles bases fragiles il fait reposer le nouvel ordre social ! Autant bâtir sur le sable que sur la « volonté » populaire. Cette volonté, d’ailleurs, n’est qu’une fiction : le peuple reçoit son mot d’ordre des comités parisiens, qui le reçoivent eux-mêmes, vraisemblablement, par l’intermédiaire des Loges, du conseil supérieur de la Maçonnerie. Et déjà il ne s’agit plus de faire passer le clergé sous « le niveau du salaire », comme disait fortement Mirabeau : les biens de mainmorte ont été confisqués ; une partie des évêques a pris le chemin de l’exil ; la constitution civile est promulguée, la rupture avec Rome consommée. Quel réveil affreux ! Quels sourds déchirements chez ces pauvres prêtres hier encore si enthousiastes du grand œuvre de rénovation entrepris par l’Assemblée nationale ! Avec quelle rapidité le voile s’est déchiré et leur a laissé voir le schisme béant sous leurs pas ! Six mois ne s’étaient pas écoulés et ce même prédicateur qui célébrait en chaire la constance de la nation française passait devant le directoire du district sous l’inculpation de refus de serment à la constitution civile du clergé votée en violation formelle de tous les engagements antérieurs et, l’on peut dire, en opposition avec les sentiments véritables du pays. Il faut lire (avec