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défenseurs de la Révolution, que, ne pouvant aller avec vous jouir du bonheur qui vous est réservé, nous célébrerons dans notre patrie, le 14 juillet prochain, l’époque de notre liberté ; dites-leur que nous nous plairons, à l’heure marquée pour la Fédération générale, à laquelle nous serons présents de cœur, à renouveler notre serment d’être toujours fidèles à la nation, à la loi, au roi ; annoncez-leur que ce jour sera le plus beau de notre vie ! »

Cette phraséologie incorrecte, déclamatoire et touchante, porte bien la marque du temps. Elle dut faire une grande impression sur les délégués. On n’était encore qu’à l’aube de la Révolution ; les « patriotes » embrassaient d’un même amour le monarque et la constitution ; ils vivaient en bons termes avec l’Église, et celle-ci, de son côté, sinon dans la personne de ses évêques, du moins dans celle des recteurs, des vicaires et des réguliers, ne se montrait nullement hostile au nouvel ordre de choses. Plusieurs de ces derniers étaient affiliés à la Maçonnerie, dont les Loges, presque partout, furent le noyau des clubs et de ces « sociétés des Amis de la Constitution » où se recrutait, dans chaque ville, l’état-major révolutionnaire. Pour quelques prélats, comme le vénérable évêque de Quimper, M. Conin de Saint-Luc, qui avaient le mauvais goût de s’en choquer, les autres, comme M. de Conzie et Loménie de Brienne, trouvaient la chose « plaisante» et faisaient des gorges chaudes du « seigneur Saint-