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Le sieur Boudier, la veille du départ des délégués (25 juin), les harangua au nom de la municipalité et il le fit en des termes d’où le lyrisme débordait. Comme ce Boudier paraît avoir été le grand metteur en scène de la Révolution à Pontrieux et l’agent principal des Loges dans le district, on ne sera peut-être pas fâché de trouver ici un spécimen de son éloquence :

« Qu’il sera glorieux pour vous et pour tout bon citoyen, ce jour auquel le monarque, à la tête de tous les représentants de son royaume, montrera par son serment solennel, qui précédera celui de la nation, l’exemple du civisme ! Quel aiguillon pour affermir le vrai patriote dans sa résolution de maintenir, au péril même de ses jours, la constitution nouvelle et l’autorité souveraine ! Mais quels motifs de remords pour les aristocrates, s’il en existe encore !… Mortels heureux, qui allez être nommés pour jouir d’un spectacle aussi ravissant et être associés à une union dont les annales les plus reculées ne fournissent pas d’exemple ! Que votre sort va être digne d’envie ! J’achèterais au prix de tout mon sang l’avantage de partager votre félicité, et il n’y en a pas un seul de tous ceux qui me font l’honneur de m’écouter qui puisse penser autrement. Allez, élus fortunés, sur les ailes du patriotisme, vous joindre à la nation rassemblée, et que le monarque qui vous verra lise par vos yeux, dans vos cœurs, les mouvements des nôtres ! Dites à vos frères de la capitale, vos compagnons d’armes et les fermes