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Barbier, Musset a peut-être tiré Barberine. C’est l’une des trois merveilles de l’architecture civile léonarde. Les deux autres, qui forment la base d’un court triangle dont Kerjean occupe le sommet, étaient Kergounadec’h et Kerouzéré. De Kergounadec’h, par malheur, il ne reste que les tours et les cheminées, mais quelles tours et quelles cheminées ! La douairière de Granville qui, par jalousie, dit-on, et pour que sa belle-fille n’héritât pas de ce joyau, fit scier les planchers et abattre la façade de Kergounadec’h, voulut que tours et cheminées subsistassent, afin d’attester jusque dans les siècles les plus reculés la barbare grandeur de son acte. Kerouzéré nous est parvenu à peu près intact : sa restauration n’a pas exigé grand effort du service des Beaux-Arts qui l’a conduite, d’ailleurs, avec beaucoup d’intelligence. On ne saurait voir un plus joli château féodal. Tout y est grâce, légèreté, au point qu’on ne fait pas attention que ce bijou, monté sur affût, était une forteresse en même temps qu’un plessis…

Il s’en faut bien que Kerjean soit aussi bien conservé ; mais trente Kerouzéré et plusieurs Kergounadec’h tiendraient à l’aise dans l’enceinte de Kerjean. Un aveu de la terre de Maillé, cité par Miorcec de Kerdanet, compare les Barbier « aux géants qui bastirent la tour de Babel » et l’on est presque tenté de souscrire à cette formule hyperbolique. Aujourd’hui encore, les vastes proportions du château font l’étonnement des architectes. Le choix du site est une autre cause de surprise : à