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Michelet et Anatole France. Et j’ai même quelques bonnes raisons pour croire que c’est chez M. France, dont la Jeanne d’Arc commençait à paraître dans la Revue de Famille, dirigée par Jules Simon, que Quellien apprit l’existence de Pierrone. Elle n’avait encore que de vagues linéaments ; elle gardait ce trouble dont il faut désespérer de la dégager jamais. Quellien s’empara d’elle aussitôt, la débaptisa et lui constitua de toutes pièces la biographie qui lui manquait. Ainsi M. France ne pouvait plus, raisonnablement, revendiquer Perrinaïc pour sienne et le fait est qu’il ne protesta que pour la forme contre le sans-gène du barde. Mais d’autres protestèrent pour lui et n’y mirent pas la même discrétion. Quellien riposta : la dispute s’aigrit. Qu’arriva-t-il ? C’est que, dans la mêlée, plus d’un coup s’égara et tomba sur Pierrone qui n’en pouvait mais. M. Jordan la traita tout net d’« obscure visionnaire » ; La Borderie alla jusqu’à contester qu’elle eût été brûlée à cause de « sa sympathie pour Jeanne d’Arc » et voulut qu’on l’eût châtiée seulement de ses blasphèmes et de ses sorcelleries, — comme si Jeanne d’Arc elle-même n’avait pas été condamnée sous un chef semblable et que l’écriteau de son bûcher ne portât pas : hérétique et relapse !