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sait. On est plus formaliste en province. Des esprits tatillons se trouvèrent qui voulurent regarder d’un peu près dans la biographie de cette « Jeanne d’Arc de banlieue », comme l’appelait impertinemment Francis Magnard. Et, d’abord, ils s’étonnèrent de la forme de son nom : Perrinaïc. Au XVe siècle, une jeune personne portant le nom français de Pierrone ou Péronne eût porté, en breton, celui de Pezrona. M. Loth l’affirma, qui s’y connaissait. Et M. Trévedy, M. Jordan, Luzel, La Borderie firent bientôt des découvertes plus étranges encore : Perrinaïc ou plutôt Pierrone n’était pas née, comme l’affirmait Quellien, ou du moins rien ne permettait de supposer qu’elle fût née « dans une région circonvoisine du Goëlo » ; et c’était par pure hypothèse que son biographe la faisait jeune, jolie, rêveuse, passionnée, fille d’un homme d’armes, orpheline de mère, besognant contre les Anglais aux côtés de la Pucelle et chargée, par elle, d’une mission à Paris près du carme Jean Dallée. Toute sa vie, telle que la contait Quellien, était un roman. Et c’eût été le plus pathétique des romans, sans doute, si Quellien n’avait voulu donner ce roman pour une histoire authentique. Lamentable effondrement ! Le boulevard, édifié, lâcha Perrinaïc. Quellien mourut quelque temps plus tard et il ne fut plus question de la « Jeanne d’Arc bretonne », que comme d’un bluff et d’une mystification.

Pourtant Pierrone a existé. Non pas Perrinaïc, mais Pierrone et, avant Quellien, elle avait touché