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dont elle prisait l’œuvre « bonne » et à qui elle demeura jusqu’au bout fidèle (tout au contraire de Catherine de la Rochelle, qui jalousait Jeanne et ne cessait d’en dire pis que pendre) et que, faite prisonnière peu après Jeanne, elle partagea en fin de compte le sort de celle-ci. Le 3 septembre 1430, elle fut brûlée vive comme sorcière près du puits (ou sur le parvis) Notre-Dame. Sa compagne, qui n’avait pas eu le même courage et s’était rétractée, fut mise en liberté.

Car on pense bien que là fut le vrai crime de Pierrone. Ce n’est ni la sorcière ni la blasphématrice qu’on poursuivait en elle, et M. Trévédy a démontré que l’Église fut innocente de sa mort : c’était l’ennemie des Anglais, la loyale et magnanime Bretonne qui « confessait » Jeanne d’Arc jusque sur le bûcher et qui, quand tous abandonnaient la Pucelle, fut le premier « témoin », au sens canonique, de la sainteté de sa mission.

Il n’y a pas à dire plus sur son compte, et tout ce qu’on tentera d’ajouter, comme Quellien naguère, sera vaine fioriture. Vous savez que l’excellent barde s’était fait le chevalier de « Perrinaïc ». D’estoc et de taille, jusqu’à sa mort, il combattit pour elle. Il en parlait comme un amoureux de sa « douce » et je crois en effet qu’il avait fini par aimer Perrinaïc de cette même amour rétrospective dont brûla, dit-on, Victor Cousin pour Mme de Longueville. Les passions cérébrales ne sont pas moins exclusives que les autres et ne laissent pas plus qu’elles de place à la réflexion