Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 3, 1910.djvu/151

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Daniélou, catéchistes du P. Maunoir et qui le suivaient dans ses pieux déplacements, aident à comprendre une Pierrone.

D’où sortait-elle cependant, cette Pierrone ? Nous n’avons sur elle, en tout et pour tout, que trois témoignages contemporains. Et d’abord celui du chanoine Jean Chuffart, chancelier de l’église de Paris, dans son Journal d’un bourgeois de Paris de 1405 à 1449, dont M. Alexandre Tuetey a donné une édition récente. Mais Jean Chuffart est un ennemi, un anglo-bourguignon. Son témoignage en apparaîtra moins suspect. Le voici, avec l’orthographe moderne :

« Le troisième jour de septembre (1430), à un dimanche, furent prêchées au puits Notre-Dame deux femmes qui, environ demi an au devant, avaient été prises à Corbeil et amenées à Paris et dont la plus aînée, Pierrone, était de Bretaigne Bretonnant. Elle disait et vrai propos avait que dame Jeanne, qui s’armait avec les Armagnacs, « était bonne et ce qu’elle faisait était bien et selon Dieu ». Item elle reconnaissait avoir deux fois reçu le précieux corps de Notre-Seigneur en un jour. Item elle affirmait et jurait que Dieu s’approchait souvent à elle en humanité et parlait à elle comme un ami fait à l’autre et que, la dernière fois qu’elle l’avait vu, il était vêtu de robe blanche et avait une huque vermeille par dessous, qui est aussi comme blasphème. Elle ne voulut jamais révoquer son propos. Par quoi, ce dit jour, fut jugée à être arse (brûlée) et mourut en ce propos