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beaux-arts et qui témoignent qu’il n’était pas dans les intentions du gouvernement que la digue fût poursuivie jusqu’au Mont. Elle devait s’arrêter à une certaine distance, tant pour permettre la libre circulation des eaux que pour empêcher la dénaturation « de la partie la plus intéressante de l’enceinte ». Et, de fait, c’est en violation formelle des conventions que les ingénieurs passèrent outre et menèrent la digue au pied même des remparts.

La Compagnie triomphait. Par la complicité des Ponts et Chaussées elle s’assurait à bref délai la prise de possession de la partie occidentale de la baie. Mais ce que les Ponts et Chaussées ont fait, ils peuvent le défaire et rien n’empêche que la digue soit coupée aujourd’hui comme elle eût dû l’être à l’origine sur un espace de deux ou trois cents mètres. Sans doute, cette coupure tardive ne réparera pas le mal : elle préviendra du moins sa consommation, car le colmatage du reste de la baie s’arrêtera presque instantanément dès que les courants marins pourront « boucler la boucle » et s’épandre à l’aise autour de l’île. La Compagnie ne saurait protester d’autre part contre ce qui n’est qu’un retour aux termes stricts des conventions passées entre elle et l’État ; son droit sur le triangle de lais de mer à elle concédé entre la Chapelle-Sainte-Anne, la Chapelle-Saint-Hubert et la terre demeurera intact : mais ce ne sera plus l’État qui s’emploiera bénévolement à lui en faciliter le colmatage.