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de saules, trembles, frênes, peupliers, etc., ont été exécutées avec succès dans toute l’étendue de la concession. Des vergers existent déjà autour de quelques corps de ferme, bien qu’à cause des sels marins dont le sol est imbibé on ne puisse « faire » du pommier à cidre avant la dixième ou douzième année de l’exploitation. Pour la même raison, le chêne et le bouleau s’accommodent mal des polders…

Tels quels et malgré la baisse générale du taux des fermages, ces polders sont encore affermés, par baux de 9 à 12 ans, à raison de 150 et de 175 francs l’hectare, prix moyens. Et l’on en a vu pour qui la Compagnie trouvait preneur jusqu’à 240 francs, alors que, dans le reste de la Bretagne, sauf à Roscoff, à Plougastel et dans cette partie de la côte trégorroise qu’on appelle « la ceinture dorée », l’hectare ne va guère au-delà de 100 francs et qu’il tombe à 50 en Normandie. Mais je vous ai dit qu’il n’y avait pas au monde de plus riche terroir que ces polders. Un Montois que j’interrogeais et qui possède lui-même, à la Caserne, quelques hectares d’herbu qu’il s’apprête à enclore, me confiait que tout était bénéfice dans leur exploitation. Dès la première année, sans amendement, les polders donnent du blé qui se vend aux Vilmorin de Paris, comme blé de semence, 27, 28 et 29 francs le sac. Et ils en donnent ainsi trois années de suite.

— Et la troisième année, Monsieur, est encore meilleure que la précédente !… C’est si riche, si